« La menace n’a jamais été aussi importante, nous n’avons jamais eu affaire à ce type de terrorisme dans notre Histoire. »
Manuel VALLS a frappé très fort sur France Inter jeudi 23 avril pour
nous terroriser contre le terrorisme, suite à l’arrestation d’un nouveau
terroriste, dont nous avions entendu parler la veille en boucle sur
toutes les radios et sur toutes les télés.
Un nouveau terroriste qui tombe curieusement merveilleusement bien
pour un Manuel VALLS qui cherche par tous les moyens à imposer la loi
sur le renseignement. Toujours sur France Inter, il ajoute :
« La loi sur le renseignement aurait donné plus de moyens aux services de renseignement ».
Une loi qui rencontre d’assez sérieuses contestations : les députés
Europe Écologie-Les Verts ou ceux du Front de gauche, la ministre
Christiane Taubira aussi bien qu’un dangereux gauchiste comme Jacques
Toubon, la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International, le juge
antiterroriste Marc Trévidic, de même que la Commission nationale de
l’informatique et des libertés (CNIL). Ça fait beaucoup.
Mais pourquoi tant de manque de confiance envers ce projet de loi,
qui – n’en doutons pas – va permettre de lutter contre l’évasion
fiscale ? Laquelle, rappelons-le, coûte chaque année 80 milliards
d’euros à la France : la loi Renseignement va permettre sans nul doute
de repérer et d’arrêter ces délinquants.
Avec, autour de Daniel MERMET : Jérémie ZIMMERMANN de la
Quadrature du Net, Laurence BLISSON du
Syndicat de la Magistrature, Dominique PRADALIÉ du
Syndicat National des Journalistes, Olivier BESANCENOT du
Nouveau Parti Anticapitaliste et Alexandre LANGLOIS de la
CGT-Police.
l’émission ICI
Les différentes séquences de l’émission
Partie 1ère : Vos messages sur le répondeur Télécharger le MP3
Quelques messages parmi ceux que vous avez laissés sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de
sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »,
disait Benjamin FRANKLIN, l’un des rédacteurs de la Constitution
américaine. Manuel VALLS lui, ce jeudi 23 avril sur France Inter, ne
comprend pas bien
« c’est quoi ce débat sur les libertés » (13’40) :
Partie 2 : Rien à me reprocher, pas peur d’être surveillé !
Un sondage récent effectué par Odoxa nous explique que 69% des Français « sont
favorables à la loi Renseignement parce qu’ils sont convaincus qu’elle
sera utile, même si elle risque de les priver de certaines libertés et
de menacer leur propre vie privée. » Anaëlle VERZAUX et
Gaylord VAN WYMEERSCH sont allés vérifier dans les rues de Paris si les Français sont prêts à soutenir le gouvernement en dévoilant leur vie privée.
« Un acte terroriste a été déjoué. Ce n’est pas le premier, il y
en a eu d’autres ces dernières semaines et ces derniers mois. (...) Nous
devons toujours améliorer notre capacité de renseignement, dans l’état
du droit aujourd’hui et dans l’état du droit de demain, et dans le
respect des libertés. Et c’est la raison pour laquelle il y a un texte
en discussion. » C’est ce que François Hollande déclarait mercredi
22 avril, après l’arrestation d’un terroriste présumé à Paris, pour
justifier son projet de loi très critiqué.
Une
« loi de circonstance » donc, selon
Dominique PRADALIÉ du
Syndicat de la Magistrature,
qui dénonce un texte important examiné en procédure accélérée au
Parlement, pour répondre dans l’urgence aux attentats de janvier.
Laurence BLISSON, juge de l’application des peines et Secrétaire nationale du
Syndicat de la Magistrature
explique en quoi les dispositifs de surveillance prévus vont échapper
au contrôle du pouvoir judiciaire en restant entre les mains des
services de renseignement et du Premier ministre.
Pour
Jérémie ZIMMERMANN de la
Quadrature du Net,
le projet de loi transforme un service de renseignement qui peut être
utile et démocratique quand il est ciblé en un système de surveillance
de masse. Les "mouchards" prévus par la loi permettront aux autorités de
scanner toutes les activités en ligne, y compris les conversations
privées, de n’importe quel citoyen.

- Rassemblement contre le projet de loi, le 13 avril 2015 devant l’Assemblée nationale
Partie 3 : Qui va surveiller les surveillants ?
Ceux qui sont prêts à être surveillés, ce sont certains
députés UMP qui soutiennent le gouvernement, comme Éric CIOTTI,
président de la "commission d’enquête parlementaire sur la surveillance
des filières et des individus djihadistes" :
« On a besoin de donner plus de moyens humains et matériels bien
sûr à nos services de renseignement, mais aussi de sécuriser leur
intervention. Il faut qu’ils puissent écouter, il faut qu’ils puissent
sonoriser des logements, il faut qu’ils puissent mettre des balises sous
les véhicules. Tout cela aujourd’hui n’est pas autorisé pour détecter
la menace. Parce que l’enjeu est là : on sait qu’il y a 1 300
djihadistes, au minimum, identifiés. Le rythme des départs continue, et
le rythme des retours s’accroît fortement. Donc le danger est très
important, il demeure très très élevé, je crois qu’il n’a jamais été
aussi élevé. »
Mais à droite également, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer
non seulement l’inefficacité de la loi, mais aussi son atteinte aux
libertés.
Partie 4 : Souriez, vous êtes espionnés !
Dans
un article du 16 avril,
Le Monde.fr souligne l’hypocrisie du gouvernement. En 2009, le Parti socialiste, très critique envers Sarkozy, publiait
La France en libertés surveillés, dans lequel il dénonçait que
« lors
de l’examen des nombreux projets de lois antiterroristes déposés depuis
les attentats du 11 septembre 2001, Nicolas Sarkozy s’est à chaque fois
appuyé sur la peur du terrorisme ressentie par la population pour
s’affranchir des réserves posées par la CNIL ».
La même Commission nationale de l’informatique et des libertés
qui aujourd’hui ne manque pas de remarquer que « l’ensemble
des dispositions ainsi projetées permettra la mise en œuvre de mesures
de surveillance beaucoup plus larges et intrusives que ce qu’autorise le
cadre juridique actuel en matière de renseignement. En effet, parmi les
nouvelles techniques de recueil de renseignement légalisées ou
autorisées, certaines sont susceptibles de conduire à une surveillance
massive et indifférenciée des personnes. »
Olivier BESANCENOT, du
Nouveau Parti Anticapitaliste,
félicite le gouvernement pour son mensonge : il fait croire au grand
public que le projet de loi ne concerne que les "terroristes". Pourtant,
derrière ce prétexte, ce sont aussi les lanceurs d’alerte, les
zadistes, les militants, les syndicalistes qui pourront être surveillés
au nom de la défense des « intérêts économiques ou scientifiques
essentiels » de la France.
Alexandre LANGLOIS de la
CGT-Police apporte également son point de vue de policier en charge du renseignement.
Partie 5 : Gérard MORDILLAT et le saint torchon

- Photographie du suaire par Giuseppe Enrie en 1931
Jusqu’au 25 juin prochain, plus d’un million de personnes
sont attendues à Turin pour un événement exceptionnel : on ressort le
suaire de son coffre ! Ce fameux drap dans lequel on aurait enveloppé le corps du Christ à la descente de la croix, et qui depuis le XIV
ème siècle constitue une opération commerciale bien rodée. Gérard MORDILLAT détricote l’histoire ce linge cousue de fil blanc...

- Le suaire photographié par Secundo Pia en 1898

- Le suaire exposé à Turin
Merci à l’équipe de
La Rotonde : Renaud Barillet, Samuel Chêne, Mathieu Ardaillon.
Programmation musicale :
Cybercriminal, par
La Caravane passe
Ils ont peur de la liberté, par
Keny Arkana
Souriez vous êtes filmés, par
François Gaillard
À noter :
Howard Zinn : une Histoire populaire américaine, le film d’
Olivier AZAM et
Daniel MERMET
sort en salles le 29 avril >>>>>>>>> Pour
connaître toutes les salles et tous les débats, rendez-vous sur
www.histoirepopulaireamericaine.fr