jeudi 23 avril 2015

loi sur le renseignement , Souriez, vous êtes espionnés ! la-bas si j'y suite hebdo n°14

Si t’as rien à te reprocher, t’as pas peur d’être surveillé

« La menace n’a jamais été aussi importante, nous n’avons jamais eu affaire à ce type de terrorisme dans notre Histoire. » Manuel VALLS a frappé très fort sur France Inter jeudi 23 avril pour nous terroriser contre le terrorisme, suite à l’arrestation d’un nouveau terroriste, dont nous avions entendu parler la veille en boucle sur toutes les radios et sur toutes les télés.
Un nouveau terroriste qui tombe curieusement merveilleusement bien pour un Manuel VALLS qui cherche par tous les moyens à imposer la loi sur le renseignement. Toujours sur France Inter, il ajoute : « La loi sur le renseignement aurait donné plus de moyens aux services de renseignement ».
Une loi qui rencontre d’assez sérieuses contestations : les députés Europe Écologie-Les Verts ou ceux du Front de gauche, la ministre Christiane Taubira aussi bien qu’un dangereux gauchiste comme Jacques Toubon, la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International, le juge antiterroriste Marc Trévidic, de même que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Ça fait beaucoup.
Mais pourquoi tant de manque de confiance envers ce projet de loi, qui – n’en doutons pas – va permettre de lutter contre l’évasion fiscale ? Laquelle, rappelons-le, coûte chaque année 80 milliards d’euros à la France : la loi Renseignement va permettre sans nul doute de repérer et d’arrêter ces délinquants.
Avec, autour de Daniel MERMET : Jérémie ZIMMERMANN de la Quadrature du Net, Laurence BLISSON du Syndicat de la Magistrature, Dominique PRADALIÉ du Syndicat National des Journalistes, Olivier BESANCENOT du Nouveau Parti Anticapitaliste et Alexandre LANGLOIS de la CGT-Police.

 l’émission ICI

 

 Les différentes séquences de l’émission

 Partie 1ère : Vos messages sur le répondeur Télécharger le MP3
Quelques messages parmi ceux que vous avez laissés sur le répondeur de Là-bas si j’y suis au 01 85 08 37 37.
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. », disait Benjamin FRANKLIN, l’un des rédacteurs de la Constitution américaine. Manuel VALLS lui, ce jeudi 23 avril sur France Inter, ne comprend pas bien « c’est quoi ce débat sur les libertés » (13’40) :
 http://www.dailymotion.com/video/x2nn50b_manuel-valls-cinq-attentats-ont-ete-dejoues-depuis-janvier_news
 

Partie 2 : Rien à me reprocher, pas peur d’être surveillé !

Un sondage récent effectué par Odoxa nous explique que 69% des Français « sont favorables à la loi Renseignement parce qu’ils sont convaincus qu’elle sera utile, même si elle risque de les priver de certaines libertés et de menacer leur propre vie privée. » Anaëlle VERZAUX et Gaylord VAN WYMEERSCH sont allés vérifier dans les rues de Paris si les Français sont prêts à soutenir le gouvernement en dévoilant leur vie privée.
« Un acte terroriste a été déjoué. Ce n’est pas le premier, il y en a eu d’autres ces dernières semaines et ces derniers mois. (...) Nous devons toujours améliorer notre capacité de renseignement, dans l’état du droit aujourd’hui et dans l’état du droit de demain, et dans le respect des libertés. Et c’est la raison pour laquelle il y a un texte en discussion. » C’est ce que François Hollande déclarait mercredi 22 avril, après l’arrestation d’un terroriste présumé à Paris, pour justifier son projet de loi très critiqué.
Une « loi de circonstance » donc, selon Dominique PRADALIÉ du Syndicat de la Magistrature, qui dénonce un texte important examiné en procédure accélérée au Parlement, pour répondre dans l’urgence aux attentats de janvier.
Laurence BLISSON, juge de l’application des peines et Secrétaire nationale du Syndicat de la Magistrature explique en quoi les dispositifs de surveillance prévus vont échapper au contrôle du pouvoir judiciaire en restant entre les mains des services de renseignement et du Premier ministre.
Pour Jérémie ZIMMERMANN de la Quadrature du Net, le projet de loi transforme un service de renseignement qui peut être utile et démocratique quand il est ciblé en un système de surveillance de masse. Les "mouchards" prévus par la loi permettront aux autorités de scanner toutes les activités en ligne, y compris les conversations privées, de n’importe quel citoyen.
JPEG - 53.1 ko
Rassemblement contre le projet de loi, le 13 avril 2015 devant l’Assemblée nationale

Partie 3 : Qui va surveiller les surveillants ?

Ceux qui sont prêts à être surveillés, ce sont certains députés UMP qui soutiennent le gouvernement, comme Éric CIOTTI, président de la "commission d’enquête parlementaire sur la surveillance des filières et des individus djihadistes" :
« On a besoin de donner plus de moyens humains et matériels bien sûr à nos services de renseignement, mais aussi de sécuriser leur intervention. Il faut qu’ils puissent écouter, il faut qu’ils puissent sonoriser des logements, il faut qu’ils puissent mettre des balises sous les véhicules. Tout cela aujourd’hui n’est pas autorisé pour détecter la menace. Parce que l’enjeu est là : on sait qu’il y a 1 300 djihadistes, au minimum, identifiés. Le rythme des départs continue, et le rythme des retours s’accroît fortement. Donc le danger est très important, il demeure très très élevé, je crois qu’il n’a jamais été aussi élevé. »
Mais à droite également, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer non seulement l’inefficacité de la loi, mais aussi son atteinte aux libertés.

Partie 4 : Souriez, vous êtes espionnés !

Dans un article du 16 avril, Le Monde.fr souligne l’hypocrisie du gouvernement. En 2009, le Parti socialiste, très critique envers Sarkozy, publiait La France en libertés surveillés, dans lequel il dénonçait que « lors de l’examen des nombreux projets de lois antiterroristes déposés depuis les attentats du 11 septembre 2001, Nicolas Sarkozy s’est à chaque fois appuyé sur la peur du terrorisme ressentie par la population pour s’affranchir des réserves posées par la CNIL ».
La même Commission nationale de l’informatique et des libertés qui aujourd’hui ne manque pas de remarquer que « l’ensemble des dispositions ainsi projetées permettra la mise en œuvre de mesures de surveillance beaucoup plus larges et intrusives que ce qu’autorise le cadre juridique actuel en matière de renseignement. En effet, parmi les nouvelles techniques de recueil de renseignement légalisées ou autorisées, certaines sont susceptibles de conduire à une surveillance massive et indifférenciée des personnes. »
Olivier BESANCENOT, du Nouveau Parti Anticapitaliste, félicite le gouvernement pour son mensonge : il fait croire au grand public que le projet de loi ne concerne que les "terroristes". Pourtant, derrière ce prétexte, ce sont aussi les lanceurs d’alerte, les zadistes, les militants, les syndicalistes qui pourront être surveillés au nom de la défense des « intérêts économiques ou scientifiques essentiels » de la France.
Alexandre LANGLOIS de la CGT-Police apporte également son point de vue de policier en charge du renseignement.

Partie 5 : Gérard MORDILLAT et le saint torchon

JPEG - 180.6 ko
Photographie du suaire par Giuseppe Enrie en 1931
Jusqu’au 25 juin prochain, plus d’un million de personnes sont attendues à Turin pour un événement exceptionnel : on ressort le suaire de son coffre ! Ce fameux drap dans lequel on aurait enveloppé le corps du Christ à la descente de la croix, et qui depuis le XIVème siècle constitue une opération commerciale bien rodée. Gérard MORDILLAT détricote l’histoire ce linge cousue de fil blanc...
JPEG - 34.4 ko
Le suaire photographié par Secundo Pia en 1898
JPEG - 33.6 ko
Le suaire exposé à Turin

Merci à l’équipe de La Rotonde : Renaud Barillet, Samuel Chêne, Mathieu Ardaillon.
Programmation musicale :
- Cybercriminal, par La Caravane passe
- Ils ont peur de la liberté, par Keny Arkana
- Souriez vous êtes filmés, par François Gaillard
À noter :
- Howard Zinn : une Histoire populaire américaine, le film d’Olivier AZAM et Daniel MERMET sort en salles le 29 avril >>>>>>>>> Pour connaître toutes les salles et tous les débats, rendez-vous sur www.histoirepopulaireamericaine.fr

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire